Culture G.

Jean-Paul Daoust : poète actuel et nécessaire

Odes Radiophoniques II - Jean-Paul Daoust

Parodié et imité

À la semaine prochaine! Bel accueil n’est-ce pas? Non, je ne vous invite pas à me quitter tout de suite, avant de m’avoir lue. Je vous mentionne simplement le titre d’une émission radiophonique diffusée sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première le samedi à 11h. Cette émission humoristique a été créée en 2008 par Philippe Laguë. Ce dernier se permet parfois de parodier le poète Jean-Paul Daoust et il est vraiment drôle.

En personne

Crédits : Robert Houle
Crédits : Robert Houle

Mais qu’en est-il du vrai Jean-Paul Daoust? Vous l’avez peut-être vu lors de l’émission Tout le monde en parle le 2 février dernier. Quelques heures avant l’enregistrement, j’ai eu le grand bonheur de le rencontrer lors du lancement de son dernier recueil « Odes radiophoniques II ». Il est aussi excentrique en personne qu’à la télé. Et il vaut le détour.

Jean-Paul Daoust ne fait pas son âge (il a 68 ans), ni physiquement, ni mentalement. Il est vif, allumé, cultivé et écrit des poèmes qui ravissent ou attristent, qui nous font s’esclaffer ou s’épancher. Il est le poète « en résidence » de l’émission de radio Plus on est de fous, plus on lit animée par Marie-Louise Arsenault. On a la chance d’écouter un poème déclamé par monsieur Daoust tous les jeudis. Et pour notre plus grand bonheur, deux recueils de ces poèmes ont été publiés : l’un en 2012 et l’autre la semaine dernière.

Drôle et dramatique

L’Ode hivernale et l’Ode vortex polaire sont drôles et me font sentir moins seule. Moins seule dans mon coin à haïr l’hiver et le froid, à chialer contre le vent et cette satanée saison qui me conforte dans mon idée d’être née sur le mauvais continent (j’aurais choisi l’Océanie…). Je vous cite un extrait de l’Ode hivernale et vous encourage à aller écouter l’Ode vortex polaire sur le web.

Les arbres arborent férocement des griffes d’acier
Le blanc d’un hiver tel un œil crevé
Charmante saison à la meringue de porcelaine brisée
Se réfugier dans les dépanneurs les bars les restaurants
Épicés si possible
Pour pester contre le temps polaire

(Odes radiophoniques II, Édition Poète de Brousse, p.85)

Jean Paul Daoust est aussi dramatique. Dramatique de réalisme, comme dans cet extrait de l’Ode tumultueuse :

Le bonheur, hélas! Gémit lui aussi
Dans sa manière unique de caresser la peau
Tendre guerre en huis clos
Dans une tranchée de hasard
L‘ultime tourment n’écoute pas la compassion
De la lumière
Ne plus l’entendre bruire dans le feuillage
Sourd le silence devient tumulte

(Odes radiophoniques II, Édition Poète de Brousse, p.99)

Jean-Paul Daoust est un poète qui écrit pour vivre et qui vit de sa plume. Il pose sur nos réalités les mots qui nous manquent souvent pour signifier ce que l’on veut dire. Avant d’avoir des cicatrices, profondes ou à fleur de peau, au cœur ou au corps, lisez Jean-Paul Daoust. Il a souffert et il est sûrement un exemple vibrant de l’adage qui veut que « ce qui ne s’exprime pas s’imprime ».

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