S’il y a bien un endroit que j’affectionne particulièrement, où que j’aille dans le monde, c’est bien le marché. Chaque marché a une histoire et j’ai une histoire avec chaque marché que j’ai visité. Quand j’allais faire les courses au marché central de Casablanca avec mon père, on s’arrêtait parfois chez le poissonnier pour engloutir proprement une douzaine d’huîtres sur place, ni vu ni connu en attendant qu’il nous prépare notre commande : St-pierre, crevettes, soles et autres poissons. À Beijing, j’ai appris qu’eux aussi avaient des jujubes (pas le bonbon, le fruit) que leurs litchis n’ont rien à voir avec ceux qui se retrouvent dans nos supermarchés. À Barcelone, je suis allée à la Boqueria de St Josep comme les gens vont visiter la casa Batllo pour admirer le travail de Gaudi. Chaque marché a ses couleurs, ses odeurs et ses saveurs. Bref, vous avez compris, j’adore la bouffe!
Par contre, si mes parents m’ont aidée à former mon palais, ils ne m’ont pas
appris à cuisiner! Tant qu’on se contente de mettre les pieds sous la table, il est facile de critiquer et de faire la fine bouche. Malheureusement, je n’ai compris ma douleur que le jour où je suis partie faire mes études loin de la maison. Après un an au régime sandwich, je me suis bottée les fesses : j’ai arrêté d’aller au marché Jean-Talon comme on va au musée et j’ai retroussé mes manches. Les débuts ne sont faciles pour personne mais j’avoue que de m’administrer ma propre médecine a accéléré mon apprentissage! Heureusement qu’avec le temps on s’améliore. Aujourd’hui, je n’intoxique plus personne et on dit même que je me défends. Je sais, il y’a tant d’hypocrites et de politiciens dans ce bas monde…