En voyant la photo gagnante du World Press Photo de l’année 2013, j’ai tout de suite pensé au livre « Les Érythréens » écrit par Léonard Vincent et paru en 2012. Cette photo, oeuvre du photojournaliste américain John Stanmeyer, a été prise sur une plage de Djibouti, pays situé dans l’Est du continent africain. Des Somaliens, des Éthiopiens et des Érythréens veulent fuir leur pays et leur vie sans espoir. Ces derniers, dont on ne parle pas assez, vivent un cauchemar quotidien sous l’emprise du dictateur Issaias Afeworki.
Cette année, vous verrez 150 photos primées par le jury du World Press Photo, sur les 98 000 qui furent soumises. Après avoir vu et lu les descriptions accompagnant les photos présentées au Marché Bonsecours, vous aurez peut-être envie, comme moi, de sortir votre Atlas (ou Google Maps). J’ai réalisé à quel point la contraction du mot géographie dans l’expression « conflits géo-politiques » n’est pas à négliger. Voyez par exemple cette photo prise au Kenya par l’américain Tyler Hicks, dans un centre commercial en état de siège. Le groupe djihadiste somalien al-Shabbaab désire « avertir » son pays voisin afin qu’il retire ses troupes de Somalie. Le siège aura duré 4 jours, fait au moins 60 morts et plus de 200 blessés.
Ou celle-ci, prise par l’italien Alessandro Penso, en Bulgarie. Vous voyez un centre d’accueil pour réfugiés venus de Syrie et d’Afghanistan. On n’y trouve ni eau chaude, ni chauffage et le gouvernement bulgare n’est pas en mesure d’offrir de vivres aux réfugiés. Mais au-delà de ce drame, il faut penser que des afghans ont parcouru plus de 5000 kilomètres pour se rendre dans ce gymnase d’une école abandonnée de Sofia.
Si j’avais voté comme membre du jury (une fille peut bien espérer!), ma photo de l’année 2013 serait celle du photojournaliste mexicain Christopher Vanegas, qui a remporté le 3e prix dans la catégorie « Sujets contemporains, Photo isolée ». Plus qu’une image, il s’agit du témoignage, en un flash, du drame qui affecte un pays entier : sous un viaduc à Coahuila (au nord-est du Mexique) en mars, on a découvert cinq corps. Ils envoient un message clair. C’est un avertissement donné par une faction à ses rivales dans la guerre du contrôle du marché de la drogue. Au moins 60 000 personnes ont été tuées depuis que le gouvernement a commencé à utiliser les forces militaires contre les cartels de la drogue ( 2006).
Je vous laisse avec une photo de l’allemand Markus Shreiber. Il a obtenu le 1er prix dans la catégorie « Portraits spontanés – Photo isolée ». Cette jeune femme est déçue de n’avoir pu rendre hommage à Nelson Mandela. Elle a dû quitter les lieux où la dépouille de l’ancien président sud-africain était exposée en décembre 2013. Après avoir vu l’expo, vous vous demanderez ce que la planète a retenu du message de ce leader, vainqueur de l’apartheid…
(Texte écrit en hommage à la mémoire de monsieur Yebiyo Abraham, citoyen canadien, né en Érythrée, décédé au Québec le 28 août 2014.)
Marché Bonsecours 325 rue de la Commune Est, Montréal Horaires et tarifs Entrée : 12 $ 10h à 22h : lundi, mardi, mercredi et dimanche 10h à minuit : jeudi, vendredi et samedi
Stéphanie nous avait parlé de sa visite de l’exposition 2013 dans ce billet.
Bonjour,
Article bien intéressant, qui donne le goût d’aller voir cette expo.
Néanmoins, puisqu’il y a une place pour les commentaires, je m’en permets deux petits: il manque la lettre « h » à Erythréens à la 4e ligne du texte, et je ne vois nulle part dans le texte l’astérisque de référence du dernier paragraphe.Un oubli je suppose.
Merci de votre attention
Modifications effectuées. Merci pour le commentaire!
merci d’avoir apporté la correction