J’aime beaucoup la peinture, la musique, la photographie, bref, l’art en général. J’ai l’esprit ouvert et j’ai une opinion sur tout. Par contre, si on me parle de danse, je fige. Ce médium artistique m’a toujours semblé inaccessible. Ce n’est pas surprenant pour ceux qui m’ont déjà vu sur une piste de danse … l’inconfort se lit dans mes mouvements. Malgré mes limitations à ce niveau, la danse ne me déplaît pas pour autant. Je suis simplement néophyte.
Lorsqu’on m’a proposée d’aller voir le spectacle de danse contemporaine Rêve présenté par les Grands Ballets Canadiens, j’ai sauté sur l’occasion. Selon moi, une invitation à la Place des Arts est une invitation qui ne se refuse pas. Lorsque le rideau s’est levé, je me suis accroché au titre de la pièce telle une bouée de sauvetage. Si jamais je perdais le fil, je pourrais tirer des parallèles entre le spectacle et mes propres expériences dans les bras de Morphée.
Le chorégraphe
Rêve a été créé par Stephan Thoss, un chorégraphe d’origine allemande. Il a suivi une formation de danseur à l’école Palucca à Dresde avant d’étudier la danse expressionniste allemande selon les théories de Rudolf Laban, un pionnier de la danse moderne. Il a créé plusieurs courts solos et ballets intégraux, réinterprété plusieurs classiques tels que La belle au bois dormant et Le Lac des cygnes, ainsi que créé plusieurs œuvres abstraites/surréalistes tel que Searching for Home.
L’histoire
En avant-scène, une rêveuse, un rêveur, un bureau et une lampe. Sombre et limitée, cette partie de la scène représente le monde éveillé. La femme est hantée par des personnages et des histoires étranges qui remplissent son esprit. La peur l’empêche de partager cette partie d’elle-même avec les autres car elle croit qu’on va la juger. L’homme est un personnage craintif et effacé qui tente de mettre la rêveuse en garde contre le danger qu’il voit dans l’imaginaire de celle-ci. Les deux personnages s’aiment mais n’osent pas se le dire car ils ont peur du rejet. Cet élément ajoute au sentiment d’angoisse qui est présent du début à la fin.
En arrière-scène, le monde du rêve, de l’imaginaire de la rêveuse. Un rideau noir sépare ces deux univers. Plusieurs fois durant la représentation le rideau noir se lève, nous laissant découvrir l’arrière-scène qui abrite un monde coloré, dynamique, où les choses ne sont pas se qu’elles semblent être. Tel un rêve, les éléments qui se côtoient changent constamment. On passe d’un endroit à l’autre sans explication. À chaque fois que le rideau noir se lève, les rêveurs se couchent sur le sol et deviennent immobiles. Lorsque le rideau baisse, on revient dans le monde des rêveurs. Celui-ci est accompagné d’une projection d’images éclectiques qui force le spectateur à partager son attention. Tout au long de la représentation, l’angoisse est palpable autant dans les mouvements des danseurs que dans la trame sonore. À un moment, la rêveuse quitte l’avant-scène et entre dans son imaginaire afin d’interagir avec les personnages qu’elle a créé. Son malaise est si grand qu’elle revient sur ses pas.
La fin de l’histoire laisse libre court à l’interprétation et c’est ce que j’ai le plus aimé. Étant quelqu’un qui ne connaît pas beaucoup la danse, je suis sortie de la salle plus confiante que confuse. Ceci dit, ce spectacle de danse est un bon point de départ pour quelqu’un qui souhaite se familiariser avec cet univers.
Les Grands Ballets Canadiens offrent une gamme intéressante de spectacles de danse qui plairont autant aux néophytes qu’aux experts en la matière. En ce qui me concerne, j’ai découvert que la danse n’était pas aussi inaccessible que je le croyais. Je compte bien répéter l’expérience.
RêveDu 16 au 25 mai 2013
Place des Arts/Théâtre Maisonneuve
Prix des billets: entre 30$ et 104$