Vous avez une famille nombreuse? Saviez-vous que le fait d’interagir avec un frère ou une sœur plus âgé(e) est susceptible de stimuler le langage du petit dernier? Selon des chercheurs de Toronto, « les tout-petits de familles nombreuses reçoivent généralement moins d’attention de la part de leurs parents et les aînés jouent un rôle important dans la réponse à leurs besoins » (Merci Naître et Grandir pour l’info!). Bien que ces résultats soient préliminaires, les auteurs de l’étude recommandent aux parents d’examiner les relations entre leurs enfants et de trouver des moyens de les renforcer, car elles pourraient jouer un rôle très important dans le développement des tout-petits.
Stimuler le langage grâce à soeurette ou frérot
Avec certaines familles en clinique, le plus vieux manifeste spontanément le désir d’aider son frère ou sa sœur cadet(te) et va demander ce qu’il peut faire de son côté pour aider le plus jeune. Ça me remplit toujours le cœur de joie de voir une si belle complicité entre frères/sœurs, de voir comment l’aîné reprend très bien les modèles qu’on lui donne et met en place les stratégies enseignées. Ci-contre, un magnifique mot tiré du livre de témoignages dans notre salle d’attente, qui s’adresse à ma très chère collègue Louise!
À plusieurs reprises, j’ai tiré profit de la présence des frères/sœurs lors des séances de thérapie. Il m’arrive de suggérer au parent de profiter de la prochaine journée pédagogique pour emmener l’aîné avec eux au rendez-vous. C’est bénéfique non seulement pour donner un coup de main aux parents quand ceux-ci n’ont pas le temps de reprendre les trucs et astuces enseignés pour aider le plus jeune, mais aussi pour responsabiliser et impliquer la fratrie. En effet, le plus vieux se sent parfois délaissé lorsque le cadet vient en orthophonie et fait toutes sortes d’activités ludiques avec l’intervenante. Il se dit « Pourquoi mon petit frère vient pour jouer avec l’orthophoniste et pas moi? ».
De plus, en tant qu’orthophoniste, je me dois d’élaborer des évaluations et des programmes d’intervention qui correspondent aux normes culturelles de la famille ou des gens impliqués afin d’établir une relation thérapeutique féconde. Dans certaines cultures, la norme et le mode de vie veulent que les parents ne jouent pas assis au sol avec leur enfant, mais que celui-ci joue plutôt avec sa fratrie ou ses cousins.
En résumé
Voici les principales raisons qui font de la fratrie une alliée précieuse de la thérapie en orthophonie:
- Les frères/sœurs peuvent donner d’excellents modèles langagiers au plus jeune et font d’excellents complices;
- Quand on leur partage les objectifs de la thérapie et les moyens d’y parvenir, ils se sentent impliqués et comprennent qu’eux aussi ont un rôle clé à jouer auprès de l’enfant qui présente des difficultés langagières;
- Les frères/sœurs peuvent nous aider à cibler des objectifs réalistes pour la maison et donner un coup de main aux parents quand ceux-ci sont débordés ou non disponibles;
- Dans certaines cultures, la participation de la fratrie est pratiquement inévitable, étant donné les valeurs, les standards et les normes qui diffèrent. L’enfant est amené à interagir davantage avec ses pairs qu’avec des adultes.
Agathe Tupula Kabola est orthophoniste de profession et directrice de la Clinique multithérapie Proaction qu’elle a fondé en 2012. Animée par sa passion et sa volonté d’innover dans les pratiques de sa profession, Agathe réunit, sous un même toit, une quinzaine d’experts partageant les mêmes valeurs de respect, d’entraide, de professionnalisme, de plaisir au travail et d’innovation et ce, dans une approche familiale.