En décembre 2008 ou 2009, j’ai emmené ma filleule Camille voir le classique du temps des Fêtes montréalais : Casse-noisette. J’ai beaucoup aimé le film Billy Elliot, paru en 2000, au sujet d’un jeune garçon anglais désirant danser ; autant que le film Black Swan, avec Nathalie Portman. Si j’ajoute le ballet Bolshoi de Moscou et le théâtre Mariinsky de St-Petersbourg, je viens de vous présenter un résumé de ma grande (euhm…) connaissance du ballet classique! J’ai du chemin à faire, me répondrez-vous…
Le regard d’Orphée
Je me rendis donc avec beaucoup d’appréhension et d’ouverture d’esprit au théâtre Maisonneuve, afin d’assister à la plus récente création des Grands Ballets Canadiens. La première partie, d’une durée de quarante minutes, nous raconte le mythe d’Orphée et d’Eurydice. Sur des pièces musicales de Zemlinsky, Webern, Strauss II et Mahler, les danseurs traduisent l’histoire d’Orphée, le premier grand poète, à qui Apollon donna une lyre. Ce grand musicien unit sa vie à celle d’Eurydice mais cette dernière, mordue par un serpent, mourut. Orphée se rendit donc aux Enfers afin de récupérer son épouse. Le roi des morts, Hadès, fut séduit par la musique d’Orphée et lui permit d’escorter Eurydice vers le monde des vivants. Dès que ce dernier mit le pied dans la lumière, il se retourna et sa belle Eurydice, encore dans l’ombre, disparut à jamais.
Les danseurs étaient en grande forme et leur prestation empreinte de douceur et de sensibilité. Il est à noter que leurs pas sont en symbiose avec la musique de l’orchestre. Vous avez bien lu, on ne nous fait pas entendre une bande sonore ; les musiciens sont présents dans la fosse, sous la direction du chef Florian Ziemen. Rien ne vaut une présence des musiciens, que ce soit à l’opéra ou dans ce cas-ci, au ballet. Le seul aspect m’ayant déplu, et c’est bien personnel, est au plan visuel. Les costumes gris des ballerines me faisaient penser à des camisoles de force et me déconcentraient! Oui, nous sommes en enfer, mais je ne partage pas l’idée de Marija Djordjevic (conceptrice de costumes) qui me dira peut-être d’ouvrir mes œillères et de laisser tomber l’idée du tutu du Lac des cygnes et qu’il s’agit plutôt d’y voir des prisonniers des feux d’un Enfer d’où ils ne sortiront jamais.
La nuit transfigurée
La deuxième partie, d’une durée de près de trente-cinq minutes, est inspirée d’un poème de Richard Dehmel, paru en 1896. Le soir où je vis la représentation, neuf couples dansaient sur scène et traduisaient l’histoire d’une femme enceinte d’un homme qui n’est pas son amoureux. Les ballerines sont vêtues de tissus vaporeux et diaphanes, chacune d’une couleur de l’arc-en-ciel (merci pour les couleurs!). Je partage ici l’avis d’Iris Gagnon-Paradis de La Presse, au sujet de la prestation :
« …le chorégraphe met en branle un ballet sans cesse en mouvement, porté par les courses emportées des amants aux visages interchangeables, s’éloignant, se rapprochant et se liant au coeur de la nuit. Ronde et fluide, la gestuelle tourbillonnante, composée de sauts assistés, de portées, d’embrassades et de bras et de jambes qui s’entremêlent délicatement, fait écho de belle façon à l’émotion et à l’intensité qui animent la musique. »
Articles sur le sujet:
Frédérique Doyon, Christophe Huss dans Le Devoir
Caroline Rodgers dans La Presse
Stéphanie Vallet dans La Presse