Les moins jeunes d’entre nous se souviennent de l’acteur Forest Whitaker dans le fameux film « Good morning Vietnam », paru en 1987. Cet acteur de grand talent et au c.v. fort imposant a obtenu sa consécration lors de la soirée des Oscars en 2007. Il a alors remporté le prix d’interprétation pour sa personnification du dictateur ougandais Idi Amin, dans le film poignant « The last King of Scoland ». Si vous n’avez pas vu ce film, louez-le maintenant. C’est un ordre.
Lee Daniels’ The Butler: pour une soirée à la maison
En DVD le 14 janvier dernier, sortait le film « Lee Daniels’ The Butler ». Whitaker joue le rôle d’un majordome, ayant travaillé à la Maison Blanche dès 1957 sous l’administration Eisenhower, jusqu’en 1991, sous Reagan. Ce film est inspiré très librement de la vie du majordome Eugene Allen, que l’on nomme Cecil Gaines au grand écran.
Deux heures et quart pour couvrir les problèmes raciaux aux États-Unis, et en parallèle, la vie de Gaines pendant 34 ans et servant 7 présidents (le film en présente cinq). Pensez-y, on a voulu tout y mettre : la séparation des noirs et des blancs dans les autobus, l’interdiction de boire à la même fontaine, les sections séparées au snack-bar du coin, le Ku Klux Klan, Martin Luther King, la guerre du Vietnam et la victoire (enfin) du premier Président noir de l’histoire des États-Unis. Ouf!
Et la vie de Cecil Gaines, puisque c’est quand même de cela dont il est question, non? Oui, l’idée initiale du film, je suppose, était de rendre hommage à cet homme loyal et très compétent dans son travail. Il ne parvient même pas a avoir d’augmentation de salaire parce que la couleur de sa peau se rapproche de l’ébène et non de l’ivoire. Honnêtement?
Un film trop condensé
Je vous jure avoir lu la critique de Sonia Sarfati après avoir écrit la mienne… Oh la la, nous avons le même avis au sujet de ce film condensé et avons eu la même idée : ce film aurait dû faire l’objet d’une série. Je vous la cite ici:
« Lee Daniels’ The Butler ne manque pas de qualités. Mais tenter de condenser 30 ans d’histoire en deux heures est une mission impossible. En fait, devant le nouveau film de Lee Daniels (Precious, The Paperboy), on se dit que ce matériel aurait fait une formidable série télévisée. Imaginez, un épisode consacré à la période au pouvoir de chacun des présidents (- d’Eisenhower à Reagan – que le majordome du titre a côtoyés en restant dans les coulisses, en étant discret et digne,) alors que s’écoulaient ces tumultueuses décennies (grosso modo, de 1957 à 1986) de lutte contre la ségrégation raciale qui ont vu se déployer le mouvement des droits civiques. »
Sonia Sarfati, La Presse
Donc, selon moi aussi, le film se déroule vite, trop vite. Il aurait été plus judicieux d’en faire un film pour la télévision. Et de suivre l’exemple de l’excellente mini-série « Hatfields & McCoys » (se déroulant après la Guerre civile américaine, entre 2 familles de la Virgine occidentale et du Kentucky), produite par le canal History. Cette dernière est présentée en 3 parties, de 2 heures chacune. Et ça aussi, si vous ne l’avez pas vu, louez-le. Kevin Costner y est excellent.
On le loue? Oui, si le sujet nous est inconnu
Vous en déduirez que je n’ai pas trouvé le film mauvais, au contraire. Et d’ailleurs, la performance de Whitaker est très juste. Mais on a dépassé la limite d’événements que l’on peut condenser dans un film. On prend de trop grosses bouchées à la fois. Il aurait été plus judicieux de nous laisser assimiler chaque étape et malheureusement, ce film ne nous le permet pas.
- Plus de détails sur IMDB ou Wikipédia
- Cote La Presse du film The Bulter
- Critique du Time