S’il nous semble normal de condamner la grossièreté à la maison ou l’intimidation à l’école, sommes-nous pour autant conscients de l’impact des mots d’usage courant sur l’estime de soi ? Sous le couvert de l’humour parfois ou de la banalisation des micro-agressions, l’utilisation de certains mots anodins prennent une tout autre signification. Quels sont ces mots qui laissent des traces?
Dans des sociétés où l’apparence physique joue un rôle prépondérant dans notre rapport avec les autres, les mots en lien avec notre image corporelle sont lourds de sens. Et leur répétition, quand ceux-ci sont perçus négativement, peuvent avoir des incidences importantes sur l’estime de soi. On peut penser que dire à son adolescent qu’il ressemble à une « calculette » est juste une blague. Néanmoins, l’utilisation péjorative de ce mot pour pointer son acné peut avoir des effets à long terme et marquer son esprit en lui faisant ressentir de la honte par exemple.
Dans un article du Huffington Post intitulé When your mother says she’s fat, l’auteure Kasey Edwards explique les impacts qu’ont eu sur elle les mots (comme « grosse » et « moche ») que sa mère choisissait pour parler d’elle-même. Quand il s’agit d’enfants, faites attention au mimétisme si vous avez tendance à montrer peu d’indulgence envers vous-même.
Stefanie Weiss, mère de trois enfants et consultante en santé mentale a quelques trucs à partager avec nous à ce sujet:
Les mots blessants
Utiliser des mots qui visent à exprimer négativement une opinion sur sa propre apparence physique ou celle d’une amie, partenaire de vie ou fille peut être une puissante arme de destruction massive. Sans surprise, si on devait créer un palmarès, le top 3 serait probablement occupé par « grosse », « moche » et un troisième qui ferait probablement référence au style vestimentaire.
On devrait encourager l’utilisation d’un vocabulaire positif quand on parle de soi et des autres. De mon point de vue, la terminologie positive devrait également servir à souligner les capacités et compétences manuelles et intellectuelles de notre entourage. Pour ce faire, valoriser les forces et réussites de chacun est un bon moyen d’entretenir un discours positif.
Le mimétisme
En vous traitant vous-même de « gros » ou de « grosse », vous apprenez à vos enfants qu’ils peuvent faire la même chose et que c’est correct, acceptable. N’oubliez pas que nous sommes des modèles pour nos enfants alors si vous vous exprimez de façon négative de vous et des autres, vous leur enseignez à faire de même et réduisez leurs chances d’avoir une bonne estime d’eux-mêmes. Dans le fond, si vous voulez leur apprendre de saines habitudes alimentaires, pourquoi ne pas leur parler des vertus des fruits et légumes, de l’alimentation non transformée, etc.?
Déformation des perceptions et jugement
Souvent, les gens qui se qualifient de « gros » ou de « grosse » ne sont même pas en surpoids. Se plaindre de son apparence et d’un problème de poids quand celui est inexistant enseigne aux enfants qu’il est acceptable de se dire gros pour obtenir de l’attention.
En introduisant des mots comme “gros” dans le vocabulaire de vos enfants, vous teintez également leur vision du monde et de leurs pairs d’une certaine façon puisque cela devient un critère pour départager ce qui est enviable de ce qui ne l’est pas et vient renforcer les messages projetés par les publicités. Les prémisses du jugement sur l’apparence et du « fat shaming »?
De mon point de vue, se traiter ou traiter les autres d’incapables, d’idiots ou autres termes de cette nature auraient un effet similaire. Alors, si nous commencions par s’aimer soi-même? C’est le plus beau cadeau (et gratuit de surcroît!) à s’offrir à soi-même et à notre entourage.