Ça y’est! Vous y avez goûté! C’est la crise! Et bien, vous n’êtes pas seules. Il y a deux ans environ, je m’étais inscrite à une courte formation donnée par Joe-Ann Benoit à la garderie de ma fille. Le thème? La gestion de LA crise chez l’enfant. J’étais en plein de dedans et j’avais besoin de m’outiller davantage. Saviez-vous que l’agressivité faisait partie du registre génétique de l’être humain? Elle sert à la base à nous défendre. Et notre pic d’agressivité se situe entre 18 et 24 mois avec une diminution notable à partir de 4 ans. Elle est directe chez les garçons et indirecte chez les filles, mais tout le monde y passe. La question maintenant est : comment on gère ça?
La théorie des trois cerveaux
Nous utiliserions en fait des zones différentes de notre cerveau que nous appellerons pour la cause les trois cerveaux.
Le cerveau paléolithique est le siège de nos instincts primaires. Son répertoire de réponses face à une situation identifiée comme menaçante est très limité. En fait, il se résume à la fuite ou à la défense. L’agressivité ou la colère est donc en fait une réaction primitive de l’individu qui se sent menacé.
Le cerveau limbique est présent chez les mammifères. Il permet l’attachement ainsi qu’une gamme d’émotions comme la peur, la tristesse, la frustration , la joie, etc. Si votre enfant est en crise
Le cerveau neocortex est celui qu’on utilise pour trouver des solutions. C’est celui qui nous permet de raisonner. Pour avoir accès au neocortex, les deux autres cerveaux doivent être désactivés. À partir de trois ans, l’enfant (neurotypique) a suffisamment de connexions neuronales pour l’utiliser.
Identifier le cerveau activé vous permettra de mieux choisir votre approche pour intervenir avec votre enfant.
Techniques d’intervention
Je vous propose ici deux techniques destinées à calmer un enfant dont le cerveau reptilien s’est enclenché (autrement dit, un enfant en crise!).
Le retrait
Si votre enfant voit « rouge », qu’il ne vous entend plus, rien ne sert de le raisonner. La seule intervention possible est l’arrêt d’agir. Lorsqu’il sera sorti de son « mode survie », vous pourrez intervenir. L’objectif du retrait est de permettre à l’enfant de se calmer. Vous pouvez choisir une petite chaise réservée à l’usage ou encore une marche en bas de l’escalier et ajouter un repère visuel comme un sablier afin d’évaluer le temps. Le retrait n’étant pas un divertissement, aucun jeu ne devrait être permis. Quoi faire après avoir appliqué le retrait?
- attendre que l’enfant se calme (la durée du retrait ne se compte pas en minutes. Le retrait doit durer jusqu’à son retour au calme);
- restructurer son comportement : on lui rappelle ce qui est interdit et le comportement souhaité (il faut outiller l’enfant en lui proposant le bon comportement);
- encourager et faire des prédictions positives.
Attention les parents! Quand vous portez le chapeau de l’intervenant, gardez-le jusqu’au bout de votre intervention. Si vous changez de chapeau en cours de route (en reprenant celui de parent et donc plus émotif), vous vous auto-sabotez! Sachez que votre enfant est super bon à ce jeu. Il va tenter par des « prends-moi dans tes bras » ou des « je ne t’aime plus » de faire appel à la dimension affective pour vous faire enfiler votre chapeau de parent. Ne cédez pas avant la fin. Pour plus de conseils sur cette technique, vous pouvez consulter cet article de Nanny secours.
La fontaine
Il se peut que cette technique ne fonctionne pas avec votre enfant. Certains enfants se désorganisent au lieu de rester à l’endroit prévu pour le retrait. Bien que peu fréquent, les enfants qui ont le plus tendance à avoir des difficulté avec cette technique d’intervention sont les enfants dont le type d’apprentissage est kinesthésique (soit environ 5% de la population). On peut utiliser l’eau avec ces enfants pour les aider à se calmer. Certains suggèrent la débarbouillette d’eau ou de faire couler de l’eau sur les mains. Personnellement, j’ai opté pour la douche. Le contact de l’eau sur tout le corps a un effet plus rapide et est plus facile à gérer. Et tant pis si on n’a pas le temps (ou qu’on n’arrive pas) de le déshabiller!
Il peut arriver que le petit kinesthésique en crise ait besoin d’être pris dans les bras pour le retour au calme. Si vous le faites, faites-le sans émettre de commentaires et sans caresses pour distinguer le parent (qui verse dans l’affectif) de l’intervenant.
Petit note : cette technique, je ne sais pas comment elle s’appelle alors je l’ai nommé « la fontaine » pour son côté apaisant. Dans cet article, Joe-Ann Benoît propose d’autres techniques utiles quand le retrait ne fonctionne pas.
Le contenu de cet article est basé sur les notes prises lors de la formation donnée par Joe-Ann Benoît, consultante en thérapie familiale, co-animatrice de l’émission Parents d’aujourd’hui sur TVA, conseillère pédagogique et formatrice depuis 25 ans.