Culture G.

L’édition 2013 du Festival international de films Fantasia en 5 mots-clés

Fantasia_affiche

Passionnée du septième art que je suis, je trouve mon compte dans TOUS les festivals de cinéma. Je dois néanmoins vous avouer un amour sulfureux et inconditionnel pour le Festival international de films Fantasia, qui fait courir les amateurs de longs métrages de genres depuis sa création en 1996. L’occasion de voir autant des œuvres d’action trépidantes tout droit venues d’Asie, de l’animation innovatrice, des comédies disjonctées qui étonneraient même le plus blasé des publics et des vues d’horreur très, très sanglantes.

Encore cette année, 120 longs métrages et 250 courts métrages attendent les cinéphiles ouverts d’esprit à Montréal, du 18 juillet au 7 août 2013. Vous dresser une liste des œuvres à voir absolument serait pour moi une véritable torture, tant la programmation vaut le détour. Voici plutôt un aperçu de ce que Fantasia a à vous offrir cet été… en cinq mots-clés.

Snuff movies

Des vidéos de vrais meurtres ou de véritables agressions sexuelles sont vendues sur le marché noir à des gens tordus en mal de sensations fortes. Si on en croit les nombreuses enquêtes réalisées sur ces snuff movies, ceux-ci ne seraient qu’une légende urbaine apparue dans les années 1970. Comment qualifier alors ces images mises en ligne l’an dernier par Luca Rocco Magnotta et le montrant en train d’assassiner l’étudiant chinois Jun Lin à Montréal? Et qu’en est-il des œuvres de fiction qui flirtent avec le réel, ou l’apparence de réalité, comme The Blair Witch Project ou la franchise Paranormal Activity?

Pour mieux comprendre le phénomène, Fantasia offre un programme double. D’abord, une conférence de Simon Laperrière, coauteur du bouquin Snuff Movies : Naissance d’une légende urbaine avec Antonio Dominguez Leiva. Puis, le documentaire de 1982 The Killing of America de Sheldon Renan.

Le cinéaste polonais sur le plateau de son film Boris Godounov en 1989. (mubi.com)
Andrzej Zulawski sur le plateau de son film
Boris Godounov en 1989. Source: mubi.com

Andrzej Zulawski

Le maître polonais débarque en ville pour recevoir le Prix honorifique 2013 remis par Fantasia pour souligner sa filmographie exceptionnelle, composée d’œuvres provocantes, extravagantes et un brin surréalistes. Les cinéphiles pourront (re)découvrir deux de ses longs métrages les plus marquants. L’amour braque, sorti en 1985, dans lequel Sophie Marceau tient son premier rôle dans un film pour le public adulte. Mais aussi Szamanka, réalisé en 1996, une vue qui a fait scandale pour sa prise de position vis-à-vis de l’Église catholique et son illustration sans compromis des tabous sexuels.

Source: supportremy.com
Rémy Couture et ses « collègues de travail »…
Source: supportremy.com

Rémy Couture

Acquitté en décembre dernier des accusations de corruption de mœurs qui pesaient contre lui, le spécialiste québécois du maquillage et des effets spéciaux renoue avec ses nombreux admirateurs trois fois plutôt qu’une cet été. Il signe les effets spéciaux de Discopath, le premier film de Renaud Gauthier, qui raconte les aventures d’un tueur en série qui sombre dans la folie meurtrière lorsqu’il entend de la musique disco (!). Il a aussi bossé sur ceux de Thanatomorphose, en collaboration avec David Scherer. Dans cette œuvre d’Éric Falardeau, une femme réalise que son corps est en état de décomposition… alors qu’elle est pourtant bien vivante. Charmant, non? Finalement, Rémy Couture a produit Nourrir sa foi d’Adam O’Brien, présenté dans le programme de courts métrages québécois Trans-a-gressions.

Corée du Sud

Le public de Fantasia connaît depuis de nombreuses années le talent des cinéastes sud-coréens, notamment en matière de films d’action explosifs. L’édition 2013 en a deux à nous proposer : A Company Man de Lim Sang-yoon et Confession of Murder de Jung Byung-gil. Des thrillers à la mise en scène élégante, plus inventive que celle des blockbusters auxquels nous a habitués Hollywood. Mais ce qui nous séduit encore davantage, c’est la réflexion pertinente que ces œuvres proposent, cette fois  sur la célébrité, les médias, la justice, le deuil et le monde du travail. Divertissants et intelligents.

Littérature

Pour les cinéphiles aussi amoureux des mots, deux longs métrages japonais font la part belle aux bouquins. Le romantique The Great Passage de Yuya Ishii raconte les péripéties d’un nerd qui se voit confier en 1995 la lourde tâche de compiler un dictionnaire du nouveau millénaire. Il se lance corps et âme dans son nouveau boulot… jusqu’à ce qu’il rencontre l’amour. Dans Library Wars de Shinsuke Sato, les autorités nippones censurent et brûlent les livres. Naît alors la Force de Défense des Bibliothèques, sorte de milice de bouquineurs, prête à défendre les ouvrages coûte que coûte. Cette adaptation du roman de Hiro Arikawa, qui nous rappelle également celui de Ray Bradbury Fahrenheit 451, est une vue d’action dynamique, mais aussi une ode à la liberté d’expression.