Humeurs et Primeurs

Femme et fière de l’être

Sine Strong

Avez-vous remarqué à quel point les mots « femme » ou « fille » sont associées à la faiblesse ou à des termes à connotation négative voire même péjoratifs? Non, je ne parlerais pas de sociétés aux moeurs différentes dans cet article. De nombreuses violences sont faites aux femmes à travers le monde : excisions, mariages forcés, épidémie de viols, etc. Il est certain que nous devons les décrier. Il y a aussi des agressions que nous subissons constamment et que nous ne voyons presque plus. Elles sont insidieuses et nous touchent, quelque soit le lieu où nous vivons. Oui, même nous (et peut-être même surtout nous!), femmes qui vivons dans des sociétés dites « développées ». Nous avons encore du pain sur la planche!

Le seul lien que je vois entre fille et faiblesse, c’est la sixième lettre de l’alphabet qui débute ces deux mots. Il y a plusieurs campagnes qui nous rappellent combien il est important d’avoir confiance en soi et que l’estime de soi se bâtit très tôt. Mais revenons à pourquoi ce sujet est encore tellement d’actualité.

De la fille à la femme : un chemin tortueux

MaximeUne étude mondiale menée par Dove  en 2011 auprès de filles âgées de 10 à 64 ans démontrent que celles-ci commencent à se montrer critiques envers leur beauté et à affecter leur estime de soi dès l’âge de 14 ans. L’étude, intitulée La réelle vérité à propos de la beauté, révèle que ce sont 55% des canadiennes qui se sentent poussées à être belles dès l’âge de 14 ans. Ce pourcentage s’élève à 96% à l’âge de 29 ans. De telles études, il en existe plusieurs. Celle  menée par l’Agence de santé et des services sociaux de Laval en collaboration avec Québec en forme est tout aussi alarmante. Elle révèle que 51% des jeunes filles au primaire interrogées veulent être plus minces et 65% sont insatisfaites de leur corps.

Notre apparence physique, c’est la principale carte qui est jouée. Les magazines, les cliniques de chirurgies esthétiques et grandes marques de cosmétiques nous vendent une large gamme de produits et services pour nous embellir, les médias nous présentent l’image d’un modèle de beauté qui n’existe pas (même les mannequins, qui représentent moins de 5% de la population sont photoshopés!) ou mieux encore, des émissions qui nous sauveront de notre misère. La dernière née de Canal vie, « Quel âge me donnez-vous? » en est un bon exemple. Avons-nous vraiment besoin de nous installer sous une cloche de verre pour nous faire juger par des inconnus? Notre estime se construit-elle à travers le regard des autres? Je ne pense pas. Oui, je sais, elles sont consentantes. Néanmoins, je ne pense pas qu’on devrait encourager ce type d’émissions qui fera plus de mal que de bien à ces femmes. Un relooking d’une journée jumelé à un 15 mn de gloire, ce n’est pas vraiment ce dont ces femmes ont réellement besoin.

Des mouvements et des programmes qui font du bien!

like a girlEn plus du programme de vraie beauté de Dove (grâce auquel on peut obtenir un guide d’activités), nous avons vu apparaître la vidéo virale de la marque Always #LikeaGirl. Faire les choses comme une fille a toujours été perçue comme une insulte. Always nous propose de réécrire les règles (non, pas de jeu de mots!) et d’être fières de ce que nous faisons comme des filles car nous le faisons bien! L’adolescence est assez dure à traverser avec notre corps qui se transforme. À ce mouvement, s’ajoute celui de Pantene, #Shinestrong dont la prémisse est en quelque sorte la suivante : « Parce que les femmes sont fortes à l’intérieur, elles brillent de l’extérieur » (traduction libre). Avec le soutien de AAUW (The American Association of University Women), la marque souhaite inspirer toutes les femmes en mettant en commun les messages positifs rassemblés sous le hashtag #ShineStrong.

Ces mouvements ne sont pas nés pour rien. Selon l’Institut de la statistique du Québec, les femmes représentent près de la moitié des personnes en emploi et sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à détenir un diplôme d’études universitaires. Pourtant,

  • Aux États-Unis, les femmes ne représentent que 5% des cadres dirigeants en 2008
  • Selon l’enquête Catalyst, les femmes composeraient à 15,9% les conseils d’administration des 500 plus grandes entreprises canadiennes en 2013.

Pourquoi ? Parce que les préjugés ont la couenne dure (la maternité est encore perçue comme un frein à la carrière, un manque de disponibilité), qu’on privilégie l’entre-soi (un homme engagerait plus volontiers un autre homme) et qu’on encourage un modèle dépassé (celui du gestionnaire entièrement disponible, mobile et qui ne compte pas ses heures).

Nous sommes fortes, nous sommes brillantes et nous sommes magnifiques ainsi. Ne l’oublions pas même si le monde nous laisse croire du contraire.

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