Humeurs et Primeurs

Ça goûte la performance

Crédits : pixabay.com

J’ai l’impression qu’aujourd’hui, tout ce qu’on me sert goûte la performance. C’est le mot d’ordre au travail. Ça m’incommode beaucoup qu’on ne perçoive et n’évalue les individus que par ce prisme mais disons que dans une logique capitaliste et de marché global, ça s’explique (se justifie?). On se dit que c’est nécessaire pour augmenter les profits des actionnaires ou encore, en cette période de coupures, une façon d’optimiser l’utilisation des ressources. Seulement, ce souci de performance, on l’a transposé à toutes les sphères de la vie.

Rien de nouveau me direz-vous. Depuis l’avènement du numérique, le besoin de performance s’est immiscé dans nos maisons pour prendre une place prépondérante dans les chambres à coucher, aux fourneaux et même auprès de nos enfants. Et ça, ça me pose un sérieux problème. Il y a bien des choses que j’ai vu passer ces derniers jours qui m’ont fait enrager. Parmi elles :

  • la ministre de la condition féminine qui se dit plus égalitaire que féministe (Euh…c’est quoi le féminisme alors si ce n’est d’aspirer justement à cette égalité!??).
  • L’article d’opinion de Bianca Longpré, « T’as pas d’enfants, tu m’en dois une » (Une femme qui se permet d’insulter d’autres femmes parce qu’elles ont fait le choix de ne pas avoir d’enfants!!?? Sérieux? Sommes-nous juste conçues pour procréer?)
  • Le #motherhoodchallenge. Nous avons là un « club select de super mamans autoproclamées » qui viennent survaloriser la maternité et la présenter comme une fin en soi.

Princesses féministes

Le point commun entre ces trois sujets ? La performance des femmes. Les femmes sont déjà plus performantes au niveau académique que les hommes et ce, du primaire jusqu’aux études supérieures. Allez jeter un oeil sur les statistiques de Statistiques Canada, elles sont parlantes. Pourtant, à compétences égales, les hommes gagnent plus pour le même travail.

Le partage des tâches domestiques tout comme les soins prodigués aux enfants incombent encore aux mères majoritairement. Je ne l’ai pas inventé, c’est documenté dans cette étude intitulée Regard statistique sur les jeunes enfants au Québec. Pour celles qui sont des salariées, conjuguer performance professionnelle à performance maternelle peut vous conduire droit dans le mur. Si vous n’avez pas lu l’article « J’avais tout » de Geneviève Pettersen, je vous le recommande vivement; il illustre bien mon propos.

Tout ça, c’est sans compter qu’une femme qui vient d’accoucher se doit de donner l’impression qu’avoir un ou des enfants, n’est rien de plus qu’une fonction supplémentaire à intégrer efficacement dans l’agenda : ce n’est pas une excuse pour avoir l’air négligé, les traits tirés ou pire encore, ne pas avoir perdu son poids de grossesse!!! Je n’en reviens pas comment on peut encore se faire juger sur son apparence. Je parle des mères mais c’est tout aussi valable pour celles qui ne le sont pas. Quiconque ne rentre pas dans les critères de beauté standards prend le risque de se le faire dire et c’est rarement agréable. Il suffit de lire les commentaires sur les réseaux sociaux pour réaliser que nous sommes très dures envers nous-mêmes et encore plus envers nos pairs. Virginie, du blogue Le Cahier, nous en fait part dans cet article.

On se met déjà assez de pression nous-mêmes pour tout conjuguer mais à l’ère des médias sociaux, cette pression est encore plus forte puisqu’il plaît à tout un chacun de rajouter un filtre de perfection à chaque élément publié. Tout y passe : la bouffe, l’activité avec les enfants, les selfies…Notre vie virtuelle est tout simplement parfaite! C’est parti mon kiki pour la performance, la compétition, le jugement, le dénigrement, la culpabilité, etc. Est-ce vraiment ce que nous voulons? Avons-nous encore si peu confiance en nous? S’il nous faut une raison de nous mobiliser, je crois que le message de ces petites princesses devrait nous aider à garder le cap sur notre cible commune et se serrer les coudes. À bon entendeur, salut!

Crédits photo à la une : pixabay.com